Fondée en 1101 par le prêcheur Robert d’Arbrissel, Fontevraud fut d’abord une cité monacale dirigée par des abbesses avant de devenir sous Napoléon 1er une cité pénitentiaire dont le dernier prisonnier sortit en 1983.
Alors qu’aucun bâtiment n’avait été construit depuis un siècle sur le site classé Monuments historiques en 1840, l’Abbaye vient de se doter d’un pôle énergétique. Le bâtiment de 2 000 m2 représente la première étape majeure du programme « Fontevraud cité durable ». Dédié aux énergies renouvelables, le pôle abrite deux chaudières bois de 500 kW (soit les besoins de 500 maisons de 4 personnes) et est équipé de 92 panneaux photovoltaïques : de quoi assurer la production d’eau chaude sanitaire et de chauffage pour l’ensemble de la cité.
Le bâtiment concentrera aussi une partie des services communs à l’Abbaye et au nouveau pôle d’hôtellerie-restauration (locaux techniques, bureaux, cave à vin, espace de stockage et de valorisation des déchets, etc.), aujourd’hui en réhabilitation. Entièrement financé par la région Pays de la Loire, le projet a coûté 6 millions d’euros.
Confort et protection du bâti
« Nous étions chauffé au fioul, ce qui nous coûtait les yeux de la tête, explique Jacques Auxiette, président de la région Pays de la Loire et président de l'association Fontevraud - Centre Culturel de l'Ouest. La qualité du confort à l’intérieur du patrimoine était très limitée. » Le remplacement des deux cuves à fioul de 50 000 litres et des radiateurs électriques, complété par des travaux d’isolation, va permettre de diviser par deux la consommation d’énergie et par dix les émissions de gaz à effet de serre du site. « Au-delà du confort des visiteurs et des employés du site, c’est la protection même du monument qui est en jeu » poursuit le président. Car sans climatisation adéquate, impossible de réaliser des expositions permanentes dans les murs en tuffeau de la cité. David Martin, le directeur de l'abbaye de Fontevraud est persuadé que « le patrimoine historique et architectural peut être préservé tout en s’inscrivant dans la modernité. Nous venons de démontrer qu’il n’est pas insultant d’installer des panneaux photovoltaïques dans l’enceinte d’un monument historique. »
Intégration paysagère
Partiellement enterré, le pôle se situe à l’emplacement de l’ancienne usine de filature de la prison, au chevet de l’église abbatiale. « Il a fallu éventrer la colline et évacuer 10 000 m3 de gravats », détaille David martin. Son toit, entièrement végétalisé, servira de scène extérieure pour les spectacles et les concerts. L’intégration paysagère du pôle énergétique, qui a représenté l’une des principales problématiques du projet, est une réussite. Avec ses hublots ouvrant sur la chaufferie en fonctionnement et sa salle pédagogique, il fait aujourd’hui partie intégrante du circuit de la visite de l’abbaye.